Brilliant Corners d’Emanuel Gat: une première au Théâtre de la Ville

C’est la première fois pour Emanuel Gat au Théâtre de La Ville, un rendez-vous important devant le public gourmand de ce théâtre parisien.

A l’affiche, Brilliant Corners, pièce crée en 2011 pour le Festival de Montpellier.

Il s’agit d’un ballet qui explore les possibilités de communication entre les individus, le désir à la fois de s’unir et de reconquérir sa propre individualité : du début à la fin les danseurs se regardent, se rapprochent et s’éloignent, chacun avec sa propre gestuelle. Même les duos, où les interprètes affirment leur sentiment d’union, deviennent après quelques séquences dansées des occasions pour se séparer.

Le langage chorégraphique est très riche, le style très fluide ; il faut les apprécier pour la richesse de tous les détails. Le chorégraphe invente pour les neuf danseurs des mouvements singuliers qui mettent en scène toute la profondeur de son travail. Le flux continu des gestes qui se succèdent se révèle capable de créer des tableaux homogènes malgré la diversité des mouvements. Comme Emanuel Gat le dit lui-même, devant cette pièce il faut se demander  » why does it look the way it does ?  » plutôt que  » what will it look like ?  » ou  » how do I want it to look ? « . La différence entre ces questions illustre toute la complexité de cette pièce qui, en même temps, nous touche par sa simplicité.

La musique est du chorégraphe. C’est une composition abstraite de sons qui accompagnent les danseurs sans marquer le rythme de la danse. Il faut rappeler que Brilliant Corners est le titre d’une musique de Thelonius Monk créé en1957 ; mais on ne retrouve rien directement de cette pièce originale, sauf une certaine ressemblance dans l’approche que les deux artistes adoptent pour leurs créations. Ils s’interrogent sur le processus qui mène à la création artistique, en particulier sur l’effet du mélange des sons dans le résultat final d’un côté et sur les mouvements et la composition chorégraphique de l’autre.

Cette première parisienne du chorégraphe israélien a eu du succès mais un doute subsiste : le ton de ce ballet étant le même du début à la fin, ne pourra-t’il donc pas devenir un peu ennuyeux pour le public ? Le débat reste ouvert même si le travail chorégraphique est indéniablement d’un bon niveau.

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